Particularité du protocole d'inventaire des trichoptères
Généralités

Le protocole INVT s'inscrit dans le protocole général des inventaires de l'OPIE-benthos disponible ici.
Quelques points liés à l’originalité des Trichoptères peuvent cependant être soulignés.

 Inventaire
Il s’agit d’étudier la distribution d’un groupe animal (ici les Trichoptères) sur l’ensemble d’un pays (ici la France) en prenant comme maille le département qui correspond approximativement à des carrés de 80 km de côté. C’est une échelle qui peut paraître grossière mais qui prend tout son sens dans une perspective nationale et a fortiori européenne. [Il est cependant bien évident que toutes les informations demandées sur la fiche de récolte doivent être données].

Espèces
C’est le seul niveau systématique qui ait zoologiquement et écologiquement un sens. Les niveaux systématiques plus élevés (genre, famille, etc.) n’ont pas d’intérêt dans cette perspective. Les niveaux systématiques inférieurs (sous-espèces) n’ont d’intérêt que pour des spécialistes qui souhaitent étudier la variabilité intraspécifique.

France
Des inventaires récents existent chez tous les pays voisins ; la France était le dernier pays européen où aucun inventaire récent n’avait été fait. Il nous appartenait donc de le mettre en place, et ce en complément de celui déployé pour les Ephéméroptères (INVFMR), et de celui en cours de réalisation pour les Plécoptères (INVP).

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Récolte et identification

Les Trichoptères présentent quatre phases : œuf, larve, nymphe et adulte (= imago). L’identification des espèces ne peut se faire qu’à partir des larves, des nymphes ou des adultes. Comme cela est le cas pour la majorité des insectes, il existe beaucoup plus de documents (publications ou ouvrages) pour identifier les adultes (et les nymphes) que pour identifier les larves. Pour certains genres (comme les Hydropsyche) l’identification des espèces est plus facile avec des larves qu’avec des adultes, mais, chez la majorité des Trichoptères, beaucoup de larves n’ayant pas été décrites, seuls les adultes peuvent être identifiés au niveau spécifique.

Chez les mâles les genitalia sont externes ce qui facilite beaucoup l’observation (et donc l’identification) qui ne nécessite pas de dissection. Cependant, compte tenu de la superposition des pièces des genitalia il est toujours nécessaire de traiter les genitalia à la potasse. Chez les femelles certaines pièces sont internes et visibles seulement après traitement à la potasse. Il n’est pas possible, présentement, de donner une liste des espèces rangées en fonction de leur difficulté d’identification. L’atlas des Trichoptères d’Europe de Malicky (2004) donne des indications sur les espèces (ou les groupes d’espèces) difficiles.

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Œufs
Les œufs, toujours rassemblés dans une ponte gélatineuse, peuvent difficilement être utilisés pour identifier l’espèce.
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Larve

Sauf pour le genre Enoicyla (Limnephilidae) dont les larves se rencontrent dans la litière des sous-bois humides, toutes les larves de Trichoptères européens sont aquatiques. Elles se rencontrent (au moins en Europe) dans les eaux douces que celles-ci soient courantes ou stagnantes. Certaines espèces se rencontrent dans les sources, les tourbières ou les zones d’éclaboussures à proximité des cascades. Elles se trouvent sur des substrats durs (dalles, blocs, cailloux,) ou meubles (graviers et sables), plus exceptionnellement au niveau des vases. Elles sont également abondantes dans la végétation aquatique (phanérogames, mousses et algues), dans les zones racinaires immergées et bien entendu dans les zones de débris (feuilles et branchages plus ou moins décomposés). Cependant, à la différence de certaines larves d’Odonates (Gomphidae) ou d’Ephéméroptères (Ephemeridae par exemple), elles sont rares dans les sédiments et ne présentent pas d’adaptation morphologique à la vie fouisseuse. Le comportement constructeur des larves de Trichoptères est bien connu. Malheureusement, d’un point de vue systématique, le type de construction réalisé n’a que peu d’intérêt pour une identification au niveau spécifique. Dans certain cas cependant, le type de construction permet d’identifier le genre ou la famille. L’identification des espèces est possible uniquement en se basant sur des caractères morphologiques et (sauf cas particulier) uniquement pour des larves de dernier stade (le 5° pour la grande majorité des Trichoptères).

Il existe quelques clés (voir les références pour chaque espèce) qui permettent une identification des larves au niveau spécifique. Assurez-vous au préalable que vous avez bien une larve de dernier stade et que l’ouvrage que vous utilisez est bien adapté pour la région dont provient la larve ; en d’autres termes, vérifiez que la liste des espèces figurant dans l’ouvrage de détermination vous permet d’identifier toutes les espèces potentielles (Liste faunistique). Par exemple, si vous utilisez l’excellente clé d’Edington & Hildrew (1995) (caseless caddisflies) vous pouvez identifier 4 espèces de Rhyacophila, mais en France vous avez 44 espèces (présentes ou potentielles) !

En définitive vous pouvez identifier au niveau spécifique une larve, mais à condition :

  1. de disposer de larves de dernier stade,
  2. de disposer d’un ouvrage ou d’une publication permettant d’identifier plusieurs espèces (les publications décrivant une seule espèce sont en général inutilisables sauf si l’auteur compare cette espèce avec d’autres espèces du même genre),
  3. d’examiner la liste et les cartes du site internet pour vous assurer que vous êtes en mesure d’identifier toutes les espèces (cf. l’exemple des Rhyacophila).
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Nymphe

C’est la principale originalité des Trichoptères par rapport aux Ephéméroptères et aux Plécoptères. Deux cas de figure possibles.

Chez les Trichoptères sans étui (Annulipalpia + Rhyacophilidae) la larve s’enferme dans un “ cocon ” nymphal fait de grains de sables et de débris à l’intérieur duquel elle se transforme en prénymphe, puis en nymphe, abandonnant au fond du cocon l’exuvie larvaire.

Chez les Trichoptères à étui, la larve s’enferme dans le dernier étui larvaire dont elle obture partiellement les deux extrémités. Comme dans le cas précédent, à l’intérieur de cet étui nymphal, elle se transforme en prénymphe puis en nymphe abandonnant au fond du cocon l’exuvie larvaire (cependant chez les Leptoceridae, dont le fourreau est fermé de façon assez sommaire, une partie de l’exuvie larvaire est entraînée à l’extérieur par les mouvements de la nymphe).

Les prénymphes présentent les mêmes difficultés d’identification que les larves, par contre les nymphes (et particulièrement les nymphes âgées) permettent une identification au niveau spécifique (au moins pour des nymphes mâles). Récolter soigneusement et intégralement les “ cocons ” ou les étuis nymphaux, ne jamais les ouvrir sur le terrain. Au laboratoire les ouvrir avec précaution sous la loupe binoculaire en veillant à conserver dans l’étui ou le “ cocon ” nymphal l’exuvie larvaire. Si la nymphe est âgée, déchirer délicatement la partie postérieure de l’exuvie de la nymphe pour mettre en évidence les genitalia ; il est alors possible d’identifier l’espèce comme on le ferait pour un adulte (voir ci-après). Éventuellement, si vous vous sentez capable de faire un travail de systématique, vous pouvez examiner soigneusement l’exuvie larvaire / les genitalia de la nymphe pour essayer de réaliser une correspondance larve / adulte, sinon contentez-vous d’identifier l’espèce, ce qui est , présentement, le but recherché.

En définitive, les nymphes âgées peuvent être identifiées au niveau spécifique ; il est donc impératif de les conserver, même si, pour un débutant, il est nécessaire d’avoir acquis une bonne connaissance des adultes avant d’essayer de les identifier. Ultérieurement une clé d’identification des nymphes (niveau famille) sera mise en place sur le site. Cette clé sera destinée à faciliter une orientation préalable à toute identification plus précise.

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Adulte

C’est le stade qui permet d’identifier l’espèce le plus facilement (au moins pour des mâles). Plusieurs ouvrages (voir références pour chaque espèce) permettent l’identification des adultes. Comme cela est le cas pour de nombreux insectes, l’identification des mâles est plus facile que celle des femelles ; par ailleurs les femelles de nombreuses espèces sont inconnues.

Comme cela est vrai pour tous les insectes, il faut avoir acquis une certaine pratique et surtout se constituer une petite collection de référence pour identifier, sans risque d’erreurs, tous les individus récoltés. N’hésitez pas, au début, à faire appel à des collègues plus expérimentés (voir adresse dans le bulletin Benthos). Nous mettrons en place ultérieurement sur le site une clé des adultes (niveau des familles et / ou genre), pour faciliter l’accès aux débutants, des ouvrages d’identification généraux. En effet, ces ouvrages supposent bien souvent que le lecteur connaît déjà la famille et le genre de l’espèce qu’il souhaite identifier !

En attendant la mise en place de cette clé, nous donnons un tableau simplifié basé sur quelques caractères : la forme des palpes maxillaires, la présence ou l’absence d’ocelles, la formule des éperons et le nombre d’articles des palpes maxillaires des mâles. Ce tableau devrait faciliter l’accès aux ouvrages de détermination.

Toutes les techniques de capture d’adultes déjà utilisées pour les Ephéméroptères peuvent s’appliquer aux Trichoptères. Cependant, notamment lors des chaudes journées d’été, les Trichoptères sont des insectes très vifs et leur capture, notamment au filet, demande alors beaucoup de vivacité.

Pour déterminer l’espèce, l’examen des genitalia est indispensable. Pour cela, sélectionner les mâles, sectionner l’extrémité de l’abdomen d’un individu et le placer dans la potasse à 10% à 80 °C entre 10 et 30 minutes (le temps de macération varie avec la taille). Rincer soigneusement l’extrémité postérieure et la placer sur une lame porte-objet dans de la glycérine pour réaliser une observation sous différents angles (vue dorsale, ventrale, latérale et éventuellement postérieure). Cet examen peut être fait avec le fort grossissement d’une bonne loupe binoculaire pour des espèces de taille moyenne ou grande, avec un microscope pour de petites espèces (par exemple les Hydroptilidae, les Psychomyiidae, etc.). L’examen terminé, replacer l’extrémité de l’abdomen, avec le reste de l’animal dans un flacon particulier. Pour l’étiquetage on se reportera à la fiche de récolte.

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